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Les DRM servent donc à "rendre problématique (lisez: faire chi*r le monde) la copie (de nos fichiers)". Cette description à le mérite d'être claire et assez exacte. C'est assez loin du discours bien pensant sur la "gestion des droits" et la protection des artistes... Un telle sincérité est impressionnante, mais ça ne s'arrête pas là: "rendre problématique", c'est non seulement une façon polie de dire qu'on va pourrir la vie des utilisateurs, mais également de laisser entendre au client que ce n'est pas totalement infaillible (voir que c'est même complètement inefficace). Les pirates vous le diront: quand on veut, on peut.
Aucun procédé de protection n'est inviolable.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: en tant qu'éditeur je comprends bien le souci d'empêcher la copie illicite. Je suis toujours agacé de découvrir qu'on utilise des photocopies de nos ouvrages, ici ou là, au lieu de commander des exemplaires (les ventes sont notre unique source de revenus). Mais une chose me semble évidente: ce n'est pas en compliquant la vie de nos lecteurs, qu'on va changer ça! C'est stupide. C'est comme de mettre un coup de boule à toute personne qui vous dit gentiment bonjour en croisant votre chemin, parce que peut-être c'est elle qui a volé votre figurine de Goldorak, quand vous aviez 7 ans.
Stupide.
Je suis éditeur, mais je suis aussi un consommateur. Je veux pouvoir consommer mes données numériques comme j'achète du pain ou un croissant (je ne suis pas obligé d'utiliser une confiture en particulier, ni de le manger dans une pièce particulière. Je peux même le manger au lit et sans confiture!), ou comme je "consomme" un livre (je peux le lire chez moi, dans le salon, ou dans la chambre, même dans le bain. Dans la rue, chez des amis. Je peux recopier des passages... Je peux même le lire seulement dans 10 ans, sans me demander s'il sera encore compatible). Est-ce trop exiger de pouvoir faire la même chose avec mes données numériques ?
En achetant un DVD ou une chanson, je paye pour accéder au contenu. Je n'ai pas payé pour avoir quelques Mo de données électroniques cryptées, stockées sur un DVD ou sur mon disque dur, qui deviennent illisibles si je change "trop souvent" d'ordinateur ou de lecteur. Je n'ai pas payé pour subir un système qui rend "problématique la copie d'un contenu" dont la nature et la qualité essentielle est d'être parfaitement et facilement copiable!
Inutile de me dire que je suis bête ou hypocrite. Je ne suis pas hypocrite, mais je veux bien croire que je suis bête. Un naïf, à tout le moins, qui a perdu ses illusions sur la "liberté" et la "simplicité" que devait nous apporter l'âge "du tout numérique"; ça ne fait pas de moi un pirate: je paye mes logiciels — sans rire! Je paye aussi ma musique (mais je n'achète presque jamais de musique sous DRM), mes films (idem: je m'assure toujours que je peux ripper le DVD), etc. Et si ma seule alternative est d'acheter un fichier crypté ou rien du tout, j'achète rien du tout. Et je vais voir ailleurs.
Les logiciels, avec les livres (et un pain aux raisins, mais pas pour les mêmes raisons) c'est l'achat que j'aime le plus faire: c'est une façon de dire à son auteur (qu'il s'agisse de textes ou de lignes de code, la différence est infime du point de vue du travail et de la créativité qui sont mis en oeuvre) le bien que je pense de son travail. C'est une façon de l'encourager. Et puis, pour un auteur, c'est agréable de savoir que son bébé plaît et qu'il peut en vivre, au moins un petit peu.
Désolé pour ce billet un peu long et somme toute hors sujet. Mais cette histoire des DRM, ça m'énerve...